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23 décembre 2012

Semaines 14 à 16 - le Nord de la Thaïlande

Je ne sais pas vraiment comment décrire mon séjour à la ferme d'Happy Healing Home (HHH, ce sera plus court!). J'y ai fais la rencontre d'un nouveau "coin de paradis", un nouveau "at Home", où la sensation d'être chez soi se mêle à l'expérience d'un retour aux sources, sans connexion quelle qu'elle soit, juste de l'amour, des Pee Naan et du "Sticky Rice". Alors voilà, le 1er Décembre, nous avons pris ce "Yellowtruck" et Minta était d'une impatience piétinante. Marion et moi étions plutôt préoccupées par ce pauvre petit gamin qui venait d'asperger le sol de son vomis, ou du vieillard qui commençait à régurgiter à son tour. Pour sûr, les lacets ne plaisent pas a tout le monde. Sauf Minta. Et nous allions bientôt savoir pourquoi. Nous faisons un arrêt, et rencontrons Adrian, espagnol aperçu l'avant veille au Tea Tree: le monde est vraiment petit. Il va aussi à Happy Healing Home. Pas de place pour tout le monde à l'intérieur, certains montent sur le toit, et, lorsque je voulu faire de même, on vint me remettre à ma place, en m'assurant que dans la culture thaï, le toit c'est pour les hommes. Je me suis assise sur ma fierté et ma part "féministe militante", tout en reposant mon derrière à l'intérieur. Rrrrh Les paysages changent, les maisons de briques et de tôles ont été troquées contre des chalets en bois. Les forêts qui couvrent les montagnes sont le point de rencontre entre conifères et bananiers. On se croirait en Europe avec tous ces Pins, et presque même si j'ose, à Capbreton. Cette idée m'effleure et je souris. Un melting pot de Volontaires sont dans la maison où nous arrivons. Pee Naan Jim et Pee Naan Tea sont là, nous accueillant avec chaleur dans leur ferme, sans vraiment trop savoir comment ils vont nourrir autant de bouches. Nous sommes trois nouveaux "Pee Naan", terme thaï qui signifie "en chemin vers l'éveil", une appellation réservée aux moines. Pee Naan Jim a décidé de tous nous appeler comme ça, car après ses 16 ans en tant que moine bouddhiste, il s'est rendu compte qu'être moine n'est pas simplement être assis dans ce temple avec ces habits oranges et ce cailloux dénué de poil. Il a été finalement déçu, et a quitté le temple. On est tous en recherche de l'éveil, avec ou sans cheveux, alors nous sommes tous des Pee Naan. Alors après Siama de Malaisie, voici le Pee Naan, avec en suffixe un nouveau surnom à ajouter à mes nombreuses différentes identités : Manok, je suis donc Pee Naan Manok. Ça sonne bien! La ferme de HHH est donc tenue par ce couple Thaï et le petit Tung qui a 6 ans. Ils vivent dans un objectif d'autosuffisance, récoltant café, bananes, patates douces, légumes divers et variés, thé, etc... Egalement de la volaille pour les oeufs et des poissons â pêcher. Ils doivent quand même acheter du riz, surtout lorsqu'on est beaucoup. Pee Naan Jim nous apprend la méditation, on en fait tous les soirs et saperlipopette c'est cocasse! Tout le monde y va de son yoga également, yoga matinal, yoga digestif, yoga à plusieurs, yoga tardif, accroyoga dans les airs et étirements toute la journée. Nous sommes donc accueillis comme volontaire, la devise de la maison c'est: Mai pen rai (= "you're welcome"), donc "pas de problème", "de rien", "pas grave", etc... Keep cool. C'est à dire que tout est "Mai pen rai", rien n'est grave. Si tu veux travailler, va dans le jardin planter ou désherber, va dans la forêt couper du bois pour le cuisine ou le sauna, va au bord de l'étang pour pêcher, ou pour fabriquer une nouvelle pompe, ou bien va demander ce que tu peux faire si tu n'as pas d'idée. Si tu ne te sens pas de travailler, tu peux aider à cuisiner, laver le linge des volontaires, ranger, ou bien prendre un livre, prendre une guitare et jouer, prendre un bout de ficelle et créer, prendre un pinceau et faire ton propre projet. Tu peux aller dormir, aller te baigner dans la rivière, aller faire du café, aller écrire, aller méditer dans la jungle, ou prendre le PC et la clé 3G, et essayer de capter en allant en haut de la montagne. Si tu veux accrocher une corde entre deux palmiers et apprendre à marcher dessus, surtout fais le. Bref, on est ici dans un esprit très communautaire, ou chacun trouve son rythme et sa place, dans une "micro société". Bref, nous posons donc nos affaires et tâchons de répéter dans nos têtes les deux premiers prénoms que l'on vient d'entendre en échange d'une poignée de main, mais sachant pertinemment qu'on les redemandera. Les premiers jours nous avons appris à faire du café: récolter les fruits dans les arbres, décortiquer, faire sécher les graines (2 semaines), les piller, enlever la peau, griller la graine de café, moudre les graines grillées, bouillir le café moulu, filtrer le tout, et obtenir la tasse de café la plus savourée de ton existence. C'est sur, j'étais loin d'imaginer un processus si long pour si peu, lorsque je me buvais mes 7 tasses de café quotidiennes en France. Je verrai mon café bien différemment dès à présent. Les premières douches ont été rudes mais vivifiantes, écopant l'eau de la grande poubelle en plastique, que l'on fait couler au début douloureusement sur ses doigts de pieds. On finit par jeter allègrement l'eau sur tout son corps, dansant un pied sur l'autre au son rythmé de l'eau qui tombe sur le sol. Splash Splash Splash, de la vraie Dubstep. Au bout de 2 jours, j'ai adoré, c'est bon, c'est simple et on sait pourquoi on se lave. Au bout de 7 jours, il a commencé à faire froid, les nuits dehors à 12 degrés étaient parfois de la torture, les petites huttes de bambou comme chambres n'y changeant rien. Les horaires de douche calculées, je redoutais la tombée du soleil. Je voudrais faire un spécial BIG UP à ma chère Farad, ou Claire Bordier pour les moins intimes : sans toi et ta généreuse idée de me donner ton sweat, je serais Glaçon! MERCI Bref, le son de la petite "boite-moulinette" à moudre le café, était la seule chose qui réussissait à me donner envie de retirer ma couverture pour affronter le froid à 7h les matins. Je sais, vous devez rire derrière vos écrans... Nous avons appris à cuisiner la banane, et le bananier. Tout est utile dans le bananier, tout se mange, sauf les feuilles qui se fument, ou, ultra résistantes, elles servent souvent de nappe, ou de contenant pour la nourriture vendue sur les marchés. La fleur de bananier se mange, le tronc se mange, la banane verte se frit pour faire des chips, la banane jaune se mange et se remange. Les repas étaient de véritables orgasmes culinaires. Toujours accompagnés de Sticky Rice, que l'on trempe avec les doigts dans les différents plats. "Every Mohammed, go to the mountain" était la phrase fétiche de Pee Naan Jim pour nous signaler que nous pouvions commencer à manger, que nous allons vers les plats, mais ce ne sont pas les plats qui vont vers nous: manger â la thaï, aller vers la montagne. Le sauna, tente ronde en plastique avec un trou dans le sol au centre, en plein dans la jungle, était incroyable. Les pierres volcaniques sont d'abord chauffées dans un feu de camps, et une fois rouges on les dispose dans le trou, on se serre à l'intérieur, on ferme la porte, et, dans le noir complet, Pee Naan Jim fait une petite incantation avant de jeter de l'eau (avec de la sauge) sur les pierres. La vapeur d'eau rend l'air parfumé difficile à respirer, la température monte rapidement, et dans le silence et le noir on suffoque, on s'habitue, et on finit par apprécier ce moment incroyable et insolite. Puis nous retournons à la maison, pour finir la soirée par la méditation du soir, 15 minutes durant lesquelles nous devons oublier nos corps et imaginer une lune. J'ai gigoté comme un asticot tous les soirs, impossible d'oublier mes fourmis dans les pieds ou le froid qui me glace la colonne. Échec ! Je pourrai parler de HHH pendant des heures et beaucoup de choses mériteraient d'être racontées. Le jeudi 13 Décembre, avec Annika, Kadri et Ugo, un français, nous avons quitté la ferme, avec regret, ou certitude qu'on y reviendrait. Nous sommes montés dans un premier songtao, puis avons fait du stop jusqu'à la ville de Pai. Nous étions à nous 4 le gang des Machettes. Pourquoi les Machettes? Nous avions décidé de nous faire confectionner tous les 4 des Machettes faites main par l'oncle de Pee Naan Jim. Un beau souvenir qui pèse lourd dans le sac, Mai pen rai! Ici les Thaï ont chacun leur propre Machette des un très jeune âge, ils doivent en prendre soin, la limer tous les jours, et on ne la prête jamais. Nous avons fait du stop en ce jeudi matin direction Pai, et une voiture a suffi. Assis tous les quatre à l'arrière du pick up, les cheveux dans le vents, à hurler pour essayer de s'entendre, c'était bien fun. Les chauffeurs nous ont acheté un sac rempli de canettes de Pepsi, inutile de souligner davantage le grand coeur des thaï. On arrive à destination deux heures plus tard, on trouve un endroit où poser nos sacs, et hop direction la découverte de la ville, pas plus grande que ça, mais remplie de blancs à l'approche du festival de Reggae du lendemain. C'était un vendredi en scooter qui a suivi. Nous avons passé la journée à s'émerveiller devant tous ces paysages fabuleux, ces montagnes fantaisistes qu'on croirait dessinés par des enfants trop ennuyés à faire de simples pentes. Un toboggan par ci, une bosse par là, des bouts arrondis c'est mieux! Nous nous arrêtons au canyon de Pai, qui offre une vue fantastique sur la région. On s'assoit et dans le silence nous nous mettons d'accord sur la beauté du moment. Le festival de Reggae a été l'occasion d'écouter et de danser sur le groupe préféré des Thaï : "Job2do". L'occasion également de serrer Anne dans mes bras, volontaire hollandaise rencontrée un mois auparavant dans le sud. Décidément le monde est microscopique. Après un succulent et simple maïs grillé, nous nous effondrons dans ce lit que nous partageons à plusieurs. Nous avons abandonné Ugo le dimanche, qui rentrait en stop à Chiang Mai, avons loué trois vélos, qui nous ont portés sur une petite distance seulement: pas de vitesse, pas de grande possibilité de promenade dans cette région aux forts reliefs. Nous avons alors utilisé nos pieds pour grimper un peu, puis le pouce. En voulant faire l'idiote et en racontant la fois où j'ai failli tomber du pick up, la sécurité ayant céder en montée, j'ai imité d'un mouvement de tête ma "presque" chute et hop mes lunettes ont volées sur la route. Échec! Mais mai pen rai.. Le lundi nous avons été à Mae Hong Son en stop, avons loué deux scooter sur place et avons visité les petits villages des environs durant deux jours. C'était magnifique, de grands lacs, rappelant la Suisse, de beaux chalets rappelant le sport d'hiver, et d'immenses plateaux de rizières avec ces montagnes, ou plutôt géants endormis ici et là, recouverts par le temps et la verdure, donnant un air surréaliste au paysage. Le mercredi, nous sommes rentrés en sens inverse, en stop. Une camionnette s'est arrêtée, et nous a conduit jusqu'à Chiang Mai. Nous avons dû partager durant 6 bonnes heures l'arrière de la camionnette avec moults cartons et bagages qui s'écroulaient sur nous à chaque virage. On appelle cette route la route des 184 lacets. Aie! Après ces longues heures de route, et une migraine générale, j'ai quitté les filles qui partaient déjà direction Chiang Rai et la frontière du Laos, que je rejoindrai après mon passage à Lampang! On est jeudi 20 Décembre, je me lève dans la guesthouse de Chiang Mai. J'ai rendez vous avec le fabuleux Bas, ami de Françoise en France, qui m'invite a prendre une soupe avec lui avant de foncer chez lui, à Lampang. Nous faisons donc connaissance autour de ce petit déjeuner typique, que j'aime savourer. Il parle Thaï et je me rends compte des portes qui auraient pu s'ouvrir à moi si j'avais pu discuter avec les locaux. On parle beaucoup: voyages, vie, projets, je bois ses paroles et me rend compte de sa force. Il a voyagé seul sur plus de 100000km avec son VTT et son courage, à travers toute l'Asie. Il paye l'addition, et nous nous dirigeons chez lui à Baan Suchada, où je resterai 3 jours seulement, devant passer la frontière du Laos pour Noël! J'y rencontrerai sa fabuleuse femme Daa, ou Suchadaa, et son fils Stephaan de 6 ans. Il m'ouvrira les portes de son chez lui, de sa grande villa, son "complex", en m'offrant sa confiance et sa gentillesse. Je passerai trois jours fabuleux, entre balades à moto à travers les montagnes toujours plus stupéfiantes, rencontre de ses amis, cuisine et service pour les clients qui louent ses bungalows de luxe, ou pour le mariage Philipien organisé chez lui, mais surtout en sa compagnie et celle de sa famille. J'ai tout simplement adoré ces moments, à discuter, rigoler et apprendre un peu le thaï ! À l'écouter parler de ses aventures à travers le monde, de sa famille, de son projet, à aider pour le mariage, visiter la ville et me retrouver face à ces calèches uniques à Lampang, que j'avais aperçues seulement à Lombok! À boire du vin rouge et goûter du caviar, manger du pain fait par sa femme et apprendre à cuisiner thaï pour le buffet. À jouer du piano ou l'écouter jouer de la guitare, habité par une passion surprenante. Bref, trois jours étaient vraiment courts et je suis immensément reconnaissante de son accueil si chaleureux. C'était tout simplement un séjour hors du temps, où culture thaï et européenne se mêlent pour former une harmonieuse famille, et un endroit inédit pour les amis d'amis qui viennent louer un bungalow, ou manger la cuisine excellente de Daa.. Mais j'ai du partir en ce dimanche 23 Décembre, rejoindre Annika, Minta et Kadri à Chiang Rai, dans le but de voguer sur le Laos demain matin! Quitter la Thaïlande ne m'enchante guère. Je pense de plus en plus à y revenir, et prendre le temps. On verra bien! Let's go!
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Commentaires
M
Merci à toi Claire! Tu n'imagines pas combien de fois je t'ai bénie ^^
C
Yeah trop contente davoir pu un peu contribué dans ton périple! Et surtout très fière d'être cité dans tes aventures! Génial ton blog ! Bisousss
M
Je comprends mieux pourquoi tu tombes malade en quittant la Thaïlande ....
* En vol *
  • " Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. " N. Bouvier
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