Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
* En vol *
5 janvier 2013

Semaines 16 et 17 - Laos, le Nord

C'est donc avec mes deux accolytes estoniennes bilingues ainsi que Minta et Loic, un français de Happy Healing Home, que nous montons dans ce bateau tout en longueur pour nous diriger à Luang Prabang, une ville centrale du Laos, après avoir passé la nuit à la frontière, une nuit pendant laquelle je suis passée de l'état de "faible" à "malade", avec une angine apparemment annuelle et 39 de fièvre ! Nous avons navigué sur le Mékong pendant deux jours (j'ai navigué plus que les autres je pense) et avons fait escale dans un petit village pour la nuit de Noël ! Deux jours à voir ces paysages défiler devant nos yeux, à jouer aux cartes, ce fameux "trouduc" international, à prendre photos sur photos, à faire connaissance avec les compagnons de bateau. Malgré le froid et la fièvre, j'ai adoré. Nous avons aperçu des petites plages de sable, des rochers, des enfants se baignant, des petites maisons de bambou, des vaches, ... Pour le 24 au soir, pas de bonnet de Noël, juste un dîner dans un restau qui offrait une bouteille de lao-lao (whisky local à base de riz) gratuite. Bonne petite soirée, nous avons croisé la moitié des passagers du bateau, partagé lao lao, bières, musiques et tours de magie, en bref, sympa ! Le Vendredi 25 nous arrivons donc part le Mékong à Luang Prabang. Ce fut une journée peu commune, à s'entasser dans la chambre du moteur du bateau, car plus de place à bord, à jouer aux cartes assis sur des gilets de sauvetage, parfois sortant le nez par la fenêtre pour se rappeler qu'on est sur le Mékong au Laos. On a parlé le langage des signes toute la journée car le moteur envoie autant de décibels qu'un marteau-piqueur en colère : Mai Pen Rai! La température gagnant mes neurones je me suis endormie, entre deux gilets de sauvetage. A mon réveil, une oreille sur deux pouvait encore entendre, celle qui était contre le gilet: Echec du moteur! Il est 17h nous arrivons à Luang Prabang, légère impression de dérèglement interne entre la fièvre et le décalage auditif. On débarque, et, après quelques difficultés pour trouver 2 chambres pour 5, et quelques tensions qui se font ressentir après cette "bruyante" journée, on pose finalement nos sacs. Nous resterons trois jours dans ce centre ville qui pour ma part regorgeait de trop de touristes, mais après tout, je suis une touriste. Entre les milliers de stands à shake, à sandwich, des petites ruelles silencieuses devenaient, à la tombée de la nuit, bondées et odorantes de dizaine de buffets qui s'enchaînaient les uns après les autres, Laotiennes nous tendant des assiettes en chantonnant en chœur : "10.000 kip buffet!!" (=1€). On se bouscule, on se marche dessus, mais c'est excellent. Salades de papaye, riz, fruits, plein de différentes choses frits, etc... Un régal. Luang Prabang c'est aussi une vue splendide à la tombée de la nuit, les montagnes rosées en fond, caressées par les dernières lueurs du soleil déjà loin, bordées par le Mékong, lui-même portant deux trois bateaux endormis ici et là. À Luang Prabang nous avons profité de cette nuit tombante, pour passer derrière cet immense marché de nuit, pour de rendre secrètement au temple, perché en haut de 300 marches. De nuit car de jour, il faut payer pour faire souffrir son fessier. On a pu admirer la ville de très haut, quelques moines encore éveillés. On a pu également se rendre compte que nous n'avions visité que le centre, apparemment nid touristique, mais Luang Prabang est immense, bien plus que nous pensions. Durant la nuit, nous avons également traversé ce pont de bambou qui rappelle les ponts faits mains de Happy Healing Home, pour nous rendre de l'autre côté de la rive. Ce pont aussi est payant de jour, mais passé 18h, les locaux rentrent chez eux. Luang Prabang c'est aussi : se réhabituer à rouler, marcher, penser à "droite", car ancienne colonie française. A ce même titre, des panneaux français annonçant ici et là la Poste, l'hôpital, etc... Et parfois même, nous avons pu entretenir des discussions en français avec des locaux, comme ce bon vieux "Pen". Il était installé là sur sa passerelle en bambou, des croquis magnifiques sur sa droite, une bouteille semblerait-il d'eau minérale devant lui, une enceinte crachant de la musique laotienne à sa gauche, un matelas juste derrière. Un homme dormant dessus. Il nous a invité tous les cinq à s'assoir et à boire son breuvage. Évidemment l'eau aurait eu un goût moins drôle, c'était ce fameux "lao-lao", encore. Il nous explique que c'est dans la tradition de toujours proposer aux invités du lao lao, et les invités seraient malpolis de refuser. S'ils n'en veulent pas, il est mieux vu du tremper ses lèvres et de vider le verre au sol. Bizarre mais au bout du 3ème verre on a prit le geste du "lancer de lao lao", pour paraître polis. Il nous raconte du haut de ses 60 ans, qu'il a étudié à Paris, puis a été guide à Luang Prabang. Il nous raconte aussi que Luang Prabang veut dire Cité (Luang), et Bouddha avec les mains devant lui (Prabang). Nous buvons ses paroles plus que sa boisson, et au bout d'une heure il me demande s'il peut me dessiner. Un long moment de solitude suivi, ou je me sentis scrutée par six personnes me rappelant à l'ordre dès que je bougeais d'un cil. Il signa son œuvre, m'écrivit un mot au dos, et me tendit son chef d'œuvre. C'est un artiste, et moi, j'ai un beau cadeau de Noël. Puis nous avons décidé de quitter Luang Prabang pour rejoindre des villages plus authentiques, plus calmes, après quelques jours. Une matinée en particulier nous a un peu refroidie. Nous nous étions levés à 5h avec Annika et Kadri pour observer les moines faire l'aumône auprès des villageois. Malheureusement cette coutume journalière était largement pervertie par le tourisme, et nous n'avons pas tardé à nous en rendre compte. Des dizaines de mini vans ont tout à coup déboulé, brisant le silence matinal, vomissant des touristes à chaque coin de rue. Ce n'étaient plus les locaux qui donnaient de la nourriture aux moines. Ils vendaient leur riz et leur bananes aux touristes, ainsi que des places le long du trottoir, pour remplir les paniers des moines. A leur tour, ils donnaient la nourriture aux locaux qui faisaient la manche. Malgré la tournure malsaine qu'a pris cette coutume religieuse, c'était un spectacle silencieux et très gracieux, qui me restera en mémoire. Le vendredi 28 Décembre nous bouclons nos "maisons à dos", et marchons un long moment pour rejoindre la seule route qui monte vers le Nord, la N13. Arrivés là, nous inscrivons "Nong Khiew" sur un carton, première ville dans la direction du Nord, et commençons à tendre le pouce. Dure journée qui nous apprendra qu'on a quitté la Thaïlande et que ce n'est pas aussi simple de faire du stop au Laos. Peu s'arrêtent, tous demandent de l'argent. Au bout d'une heure une jeune femme vient à notre niveau à contre sens en scooter, nous tend un papier et repart aussitôt : elle nous avait écrit "Nong Khiew" en Lao, pour que chaque conducteur comprenne où nous voulons nous rendre, vraiment sympa de sa part. Un pick up finit par nous prendre et nous amener à 7 km, où nous continuerons à se relayer, à s'épauler, se motiver, râler, rire ensemble. Un spectacle particulièrement horrible m'épingla le cœur à cet instant. À l'embranchement où nous faisions du stop se tenaient trois stands, avec trois vendeuses de fruits. Derrière elles, un fossé rempli de détritus qui ne m'interpellent plus, déchets et sacs parsemant le sol comme de mauvaises herbes odorantes. Un sac bougea, sauta, couina. C'est un museau de chien qui réussi à sortir d'un petit trou pour respirer, et couiner. Il était sous le cagnar, sûrement depuis beaucoup plus longtemps que nous. Tout d'abord figé de stupeur on s'est regardé, glacé d'effroi. Le sac continuait de gigotait, le chien de se plaindre et se débattre. On s'est ensuite dirigé vers lui, pensant libérer la pauvre bête, mais notre bon sens heurta la culture laotienne, et nous nous prirent en place face un "No" franc et glacial de la part des trois femmes. Ce fut une des rares fois que j'entendis un asiatique dire non, et de manière si directe, se contentant généralement de sourire de manière gênée. Je suis restée là, interdite, ne pouvant tourner le dos à ce chien. Les femmes rirent de me voir si peinée, se répétant entre elles: Ba pen Nyang! (=mai pen rai). Première fois que j'ai détesté un Mai Pen Rai. Plus tard, un scooter s'arrêta, pris le sac et l'emporta loin. C'était de la simple nourriture. Après cet épisode, nous avons abandonné le stop et avons accepté de payer pour qu'un songtao nous emmène au premier village : Nam Bak. Nous y passons la nuit, profitons du marché du matin, pour prendre un soupe, acheter des bananes, oranges, et saluer des enfants qui nous suivaient avant de grands yeux surpris. Nous reprenons en ce dimanche 30 Décembre un bus qui nous emmène jusqu'à Nong Khiew, un village qui tout à coup nous fait confiance. Traversé par le Nam Ou, fleuve qui descends vers le Mékong, on aperçoit déjà ces montagnes karstiques qui font le charme de la région. C'est splendide. Nous trouvons une guesthouse et partons marcher: nous tombons d'accord, ce sont les plus beaux paysages vus jusqu'ici. Ces montagnes à bouts ronds semblent avoir poussé comme des champignons sur ces longs plateaux de rizières sèches. Nous visitons une grotte, un village et, satisfait, revenons passer la soirée tous les cinq. Le pari de la soirée : combien de baguettes peuvent tenir dans la barbe de Loic? Ce fut un amusant spectacle pour tout le monde mais surtout la famille qui tenait la guesthouse : ils sont fous ces falangs! Loic a gagné, 27 baguettes, il a quand partagé les bonbons et briquettes de lait qu'on avait parié ^^ Le dimanche 30 Décembre nous prenons de nouveau un bateau d'une heure pour remonter le Nam Ou et arriver dans le village de Muang Ngoi Neua, sans route ni voiture, sans internet ni douche, sans réception ni électricité. Le village est magnifique, ce n'est en fait qu'une aller de 500 mètres où s'entremêlent vies des locaux et guesthouses, des enfants jouant des heures avec un rouleau à peinture où une roue de vélo, des grands mères discutant autour d'un foyer de braises, ou vendant des espèces de crêpes croquantes, fruits, etc... Nous posons nos sacs dans une guesthouse tenue par Gabriel un suédois tombé amoureux d'une laotienne il y a un an. Il prépare son bar pour le nouvel an, nous nous proposons comme volontaires pour l'aider à finir son mur de bambou, ses panneaux et menus, ramener le bois et les bières: c'est parti! Nous passerons donc la journée du lendemain, dans un froid d'une dizaine de degrés, à l'aider et préparer le nouvel an, entre peinture, ramassage de bois, nous irons nous réchauffer près du feu où ils font griller le cochon toute l'après-midi, pour le BBQ. Ce cochon, il aurait pu avoir un nom, il aurait eu le même sort atroce. Ils l'ont tué comme des barbares, lui creusant un trou dans la carotide, puis lui fracassant le crâne avec un pied de biche pour récupérer le sang. Ils en rient tous en chœur et ils bossent là-dessus tout une journée durant pour le dîner. Ils coincent la pièce de lard, après l'avoir débarrassée de la tête et des membres, entre deux bambous et l'exposent au dessus du feu, qu'ils tournent et retournent toute l'après-midi. Y a de quoi réfléchir, lorsqu'on est habitué à mettre ses chaussures, descendre au supermarché du coin, et choisir ses 2 ou 4 tranches de jambon parmi 10 marques différentes, donner 2,60€ et les manger comme un encas habituel. Je ne mange plus de viande depuis un moment, ou très rarement, pas par choix mais par habitude: ils n'en mangent pas beaucoup. Et ça ne me manque pas, surtout lorsque je tourne le dos hypocritement à un spectacle pareil. Bref! Après cette journée de volontariat, nous avons mis une petite laine de plus, et avons imité les Lao qui durant toute la journée, riaient, mangeaient, buvaient et dansaient dans la rue au son de leurs musiques lourdement crachées par les enceintes accompagnant chaque tablée, tous les 100 mètres. C'était vraiment marrant, les voir se lâcher et nous inviter à boire avec eux ^^ nous avons passé la soirée autour d'un grand feu de camps sur la plage, quelques guitares, et pour ma part, un sommeil bien lourd! Après un 1er Janvier "couverture", non pas car nous avions abusé du lao lao mais parce qu'il faisait encore très froid (ça dépend pour qui!) nous avons décidé de nous activer et de partir faire un trek de 2 jours/1 nuit tous les cinq avec les indications des voyageurs croisés à Muang Ngoi Neua. Nous laissons nos sacs à dos à la guesthouse et prenons les chemins des montagnes en ce Mercredi 2 Janvier. Je n'ai malheureusement pas pu prendre mes chaussures de marche à cause de mon infection au pied, j'ai du faire le trek en scandales, échec! Nous marchons toute la matinée pour arriver vers un premier village où nous déjeunons, puis passons l'après-midi à repousser nos limites, arpentant la montagne, regonflant nos poumons, chassant nos doutes envahissants: et si ce n'était pas le bon chemin. Voilà un moment qu'aucun Lao n'a croisé notre route, voilà trois heures qu'on grimpe, voilà deux sangsues et trois heurts aux orteils qu'on continue sans vraiment savoir. Et finalement, on aperçoit des toits de bambous, de la fumée, on entend le son des coqs, si souvent détesté, et provoquant cette fois-ci une vague d'euphorie, qui nous porta sur les derniers 100 mètres en montée. Nous voilà dans un village où cochons, volailles, chiens courent par dizaine et par dizaine, où les enfants jouent, ou font du feu, les adultes s'occupent du bambou, du repas, ou de l'installation des 5 touristes dans la Homestay. On nous cuisine un repas gargantuesque, un bol énorme de Sticky Rice chacun, une assiette remplie de bambou chacun. Un régal. La journée du lendemain avait commencé encore mieux, nous nous levons sur ce paysage absolument extraordinaire, perchés sur notre montagne, le village en pente offrant un panorama des plus incroyables. Nous déjeunons, des plats encore plus copieux que la veille, que nous mettons de côté pour le déjeuner. Nous partons, direction le Nam Ou pour prendre un bateau direction Nong Khiew, à 4 heures de marche. Nous marchons gaiement en descente, riant, chantonnant jusqu'à ce que notre chemin débouche sur une rivière, au bout de deux heures, sans rien de l'autre côté. Nous cherchons, nous nous creusons les méninges, mangeons un peu de riz pour nous rebooster. Après un long moment à se questionner, à chasser les sangsues de nos pieds, le pessimisme de nos tête, nous descendons la rivière : Annika a vu des huttes, et entendu des Lao travailler. Nous nous dirigerons vers ces Lao, et l'un d'entre eux nous montrera du doigt la direction à suivre, nous suivant avec une planche de bois et un fusil. On a jamais su s'il voulait être sur qu'on quitte ses terres, ou s'il était juste inquiet que nous nous perdions encore mais ils nous a suivi jusqu'au Nam Ou, à une heure de marche. Victoire, on le remercie chaleureusement: premier sourire. On descend vers le village et prenons un bateau pour rentrer! En arrivant, je prendrai ma première douche depuis 5 jours, mais après deux jours à baigner dans ma sueur, le bidon d'eau froide pour se laver m'apparaît tout à coup salvateur. On est Vendredi 4 Janvier, nous avons quitté Muang Ngoi Neua, ainsi que Minta et Loic, qui sont parti vers le Nord en bateau. Nous, Annika, Kadri et moi avons repris le bateau pour revenir à Nong Khiew, et à la civilisation, pour espérer avoir un bus pour l'Est et la frontière du Vietnam. Pas de bus aujourd'hui, sans raison, mais c'est comme ça! On passe alors une nuit dans la même guesthouse que 5 jours auparavant, et prendront un bus demain, qui devra nous porter vers de nouvelles aventures après 12 heures de route. C'est parti!
Publicité
Publicité
Commentaires
* En vol *
  • " Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. " N. Bouvier
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité