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17 janvier 2013

Semaines 18 et 19 - Est et Sud du Laos

Le temps passe, les semaines filent, les réflexions fusent. Dans ma tête c'est un mélimélo de gratitude, d'émerveillement et d'appréhension. Je prends ce que la vie me tend, ce voyage comme une chance et un devoir. Une chance de sortir de ma routine pour être confrontée aux autres routines, celles qui choquent, qui remuent, qui intriguent. Un devoir d'en retenir quelque chose. Le bus nous avait bien porté vers de "nouvelles aventures" comme je l'avais pressenti en terminant mon précédent article. Après une dernière soirée à Nong Khiew, à apprendre des jeux à deux petites filles Lao, nous voilà de nouveau sac sur le dos direction la gare routière, imaginant déjà Sam Neua et la frontière Vietnamienne. Après avoir acheté des provisions pour les 12 heures de route à venir, (bananes, clémentines, mangoustines) nous nous installons comme nous pouvons. Les heures à venir seront bercées par la douce mélodie de, semblerait-il, l'exorcisme de cette femme qui tentait de vomir un quelconque démon, c'était cocasse. Sam Neua, que nous finissons par atteindre, a des allures de ville fantôme : grande et sans charme particulier, larges avenues vides, un marché un peu effrayant. Mais en somme, une ville que nous avons apprécié visiter. Nous arrivons sur les coups de minuit, la première guesthouse semble ouverte, mais vide. Au bout de 10 minutes un petit homme finit par sortir d'une porte lointaine, on l'a sûrement réveillé.. On s'installe dans une des nombreuses chambres, vides. Le lendemain, après un réveil difficile (il fait froid!) nous cherchons un endroit où boire un bon café chaud. Nous posons nos fesses dans le seul bouiboui qui sert du café, puisque tous les villageois nous ont indiqué cet endroit. Quelle surprise nous attend mes amis! On aperçoit arriver trois verres, surplombés chacun d'une chose métallique ressemblant à un filtre, laissant s'échapper goutte par goutte un liquide noir, semblerait-il le café susmentionné, qui vient s'écraser dans la masse jaunâtre collante qui baigne le fond du verre, s'apparentant elle au lait concentré "Mali", que les Asiat mettent à toutes les sauces. Après une longue contemplation, un long fou rire, c'est une longue perplexité qui vient planer au dessus de l'enthousiasme du "bon café chaud". Après avoir photographié la chose sous tous les angles, avoir compris qu'il s'agit d'un café vietnamien, et avoir attendu 13 minutes que le filtre se vide, c'est un deuxième fou rire qui emportera loin dans l'oubli notre besoin de chaleur et de caféine. C'est un bol de glaçon que nous apporte la serveuse, et c'est à une liqueur alcoolisée que s'apparente ce liquide tant admiré. Je vais essayer de demander à la serveuse vietnamienne de quoi il s'agit, l'accompagnant en cuisine et composant avec des gestes qui pourraient tout et rien dire, et au lieu d'obtenir une réponse à ce mystère, elle me remet de l'eau bouillante dans le filtre. Échec! Après s'être remises de nos émotions, nous entamons une longue marche dans la ville, à rencontrer des sourires, des bonjours et des salutations à chaque coin de rue. Nous tentons, quelques heures de marche plus tard, de quitter la ville pour Vieng Xai à 24km. La station de bus nous informe qu'aucun bus ne part pour la journée, c'est donc en stop que nous nous y rendrons, et c'est un Vietnamien qui nous y emmènera. Vieng Xai est à la frontière du Vietnam, à l'Est du Laos, et c'est la ville qui fut le berceau du Phatet Lao, parti révolutionnaire communiste, qui se réfugia dans les 300 grottes pour y vivre pendant 9 ans, lors des bombardements américains de la guerre du Vietnam. Chargée d'histoire, Vieng Xai a en fait été bâtie en 73 après la fin des bombardements, lorsque les 23000 villageois ont pu sortir de leurs grottes. La grotte "hôpital", très étendue, fait froid dans le dos. Nous avons le droit à quelques témoignages dans notre audio guide, c'est poignant. Nous reprenons le bus après deux jours, direction Vang Vieng. Nous montons dans un gros bus transportant oiseaux, scooter, sacs non identifiés, qui tombera en panne au bout de 2km, et qui nous traînera jusqu'à destination après 20 heures de secousses, empruntant lacets et routes dégradées jusqu'à la destination finale: Yiha! Les paysages défilent, les maisons "3 petits cochons" me font sourire: il y a trois types de constructions, les maisons en bambou tressé, les maisons en bois, ou les maisons en briques. A la tombée de la nuit nous traversons des villages, passons devant des petits feux de camps qui parsèment le bas côté, devant lesquels viennent de réchauffer les familles. Une fois à Vang Vieng, nous nous installons toutes les trois dans un bungalow. Nous ne tarderons pas à rencontrer Philipp, cet Autrichien avec lequel nous avons passé Noël, et qui, ayant acheté un bateau, avait décidé de rejoindre Luang Prabang en pagayant sur le Mékong. Au lieu de mettre trois jours il en a mit sept, mais il est en vie, et c'était plutôt ça notre soucis. On visitera les alentours, marchant jusqu'à de beaux points d'eau, contemplant les paysages toujours aussi splendides, s'incrustant aux festivités locales, ressemblant à des fêtes foraines/karaoké/beerlao, lorsque les falang font la fête sur l'autre rive au son de musiques plus électroniques. Il faut dire qu'au Laos contrairement à la Thaïlande les locaux semblent avoir le sens de la fête, et sans raison, sans motif particulier, les Lao font la fiesta et nous invitent volontiers. Se balader dans les rues d'un village c'est aussi et surtout passer entre les différentes musiques crachées par ces grosses enceintes dans les maisons des Lao, un karaoké qu'ils mettent à fond, donnant un air festif à chaque nouvelle journée. Nous partirons ensuite vers le sud, Pakse, une ville de transit d'où part un itinéraire sympa à faire en deux roues. Après avoir croisé Brian, volontaire rencontré à DinDang, c'est Guillaume que je rencontrerai durant la Loop de trois jours que nous feront en scooter. Guillaume, ça faisait sûrement des années que je l'avais pas vu, on était au lycée ensemble: le monde est petit. Nous louons donc deux scooter, laissons nos maisons-à-dos chez le loueur de scoot, et partons toutes les trois. Le premier jour nous traversons de nombreux villages, visitons une des innombrables plantations de café (avec dégustation), passons des heures à hurler "Sabadiiii!!" (Bonjour) aux enfants qui nous font de grands signes lorsqu'on passe, et auront l'occasion de voir les plus belles cascades qu'il m'a été donné de voir. L'escale à Tad Lo le premier soir sera l'occasion de : - rencontrer beaucoup de backpackers de tous les horizons, voire "re-rencontrer" certains - échanger sur nos plans, nos coups de cœur, nos vies, nos projets - passer une soirée au coin du feu, laolao et guitare - de jouer à la pétanque puisque c'est une activité très pratiquée par les Lao (héritage colonial) - de dormir pour 2 euros pour trois places dans un lit, - de manger des plats amoureusement cuisinés par "Mama" la Laotienne hilarante, la maman de tous les baroudeurs, - de m'arracher un ongle d'orteil en allant nager près des cascade. Mai pen rai! Nous repartons le lendemain et s'arrêtons dans une ferme où on y fabrique de la soie. Interloquées, on veut voir, et on "frappe à la porte" (on s'introduira plutôt par le portail grand ouvert). Une femme ne parlant pas anglais nous reçoit, nous montre son usine et, avec patience, elle tente au moyen de grands gestes de nous expliquer comment on passe de cette boule blanche dans laquelle dort un ver, à la soie. Plus que passionnant, elle nous a fait goûter des vers bouillis (tout se mange pas de gâchis!), et nous a offert des litres de thé qu'elle fait également pousser ici. Vraiment intéressant. Le jour suivant, beaucoup de kilomètres, petite vitesse, sur une route de sable et de roches, repeignant nos minois de sables, de poussière et d'un dépôt noir qui nous suivra quelques jours. Les cascades ne m'ont jamais vraiment soulevée d'émotions. Mais je dois dire que celles que j'ai pu voir ont été les plus belles, impressionnantes, reposantes ou juste extraordinaire que j'ai pu voir. Nous rentrons à Pakse le soir du troisième jour et prenons un bus tôt le lendemain direction les 4000 Islands : Don Det, où l'île des backpackers parmi les 3999 autres. Un bus, puis un bateau, et nous voilà arrivées. Ma première impression: ça ressemble à une station balnéaire, de l'eau, des touristes, du soleil, des guesthouses, et tout ce que je n'aime pas. Cependant, j'ai vraiment apprécié ces 5 jours de "vacances". A première vue loin des expériences locales que je recherche, Don Det c'est en fait vivre comme un touriste en vacance, au milieu des familles lao qui vivent de l'argent de ces derniers. Ces cinq jours de "vacances" c'était l'occasion de : - Nager dans les Mékong entre les différentes îles: magnifique. - Regarder le coucher du soleil tous les soirs, posées à une guesthouse avec fond musical et shake: très plaisant - Louer une bouée, faire du tubing pour 0,80€ la journée et s'apparenter à des tortues libres sur l'eau: génial. Nous avons rencontré des enfants sur une île non loin, qui nous ont invité à utiliser leur toboggan de boue qui atterrissait dans la mare de boue: Check ! - Aller faire du vélo sur toute l'île, et celle d'à côté, observer les rapides du Mékong et le Cambodge de loin - Soirées BBQ, et projection de film - Lecture, bronzage, etc Bref, un cocktail plutôt réjouissant lorsqu'on ne s'enracine pas plus de 4/5 jours. J'ai mis du temps à faire mon sac en ce mardi 22 Janvier. Le réveil a sonné et tout en restant momifiée dans mon "sleeping-sheet" j'ai su que le temps avancerait avec ou sans moi. Je suis toujours la plus rapide à faire mon sac: je fou tout en boule, et la boule n'a qu'à bien se tenir si elle ne veut pas se prendre un coup de coude ou de pied pour forcer la fermeture: trois minutes et je suis prête. Mais ce jour là, je savais que le départ des filles y était pour quelque chose. J'ai fait, défait, refait mon sac, captée parfois par un spectre invisible, ou une mouche. On est monté dans le bateau, un premier bus, puis un deuxième. A 20h je les serre dans mes bras et remonte dans mon bus pour Phnom Penh tandis qu'elles changent pour un autre qui arrivera, sûrement tôt dans la nuit, à Siem Reap. Je fais attention à ne pas m'alourdir le cœur d'au revoir trop longs et profonds, le bus démarre, je suis de nouveau seule. Je n'ai pas le temps de cogiter à tout ça que je m'aperçois de la disparition de mon Pentax, que j'avais laissé négligemment dans le sac sous mon siège. Échec! C'est avec philosophie que je prendrai l'événement : ce n'est jamais que le troisième Pentax qu'on me vole, à une fréquence moyenne de tous les 15 mois, je n'ai qu'à arrêter d'acheter du Pentax. Et sinon, plus sérieusement, ils n'ont pas pris mon disque dur, je n'ai perdu aucune photo, c'est le principal. Et me voilà à Phnom Penh, prête à recevoir la venue de mes chers géniteurs, qui eux, s'apprêtent à un sacré choc climatico-culturel :)

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  • " Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. " N. Bouvier
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