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5 février 2013

Semaines 20 et 21 - Phnom Penh, Angkor et les parents!

J'ai passé deux jours à Phnom Penh entre la séparation avec les filles, et les retrouvailles avec les parents. Deux jours plutôt agréables, le deuil de mon appareil photo et le retour à la solitude ne déstabilisant même pas ma joie de vivre, de respirer et de voyager. Bon disons un seul jour agréable puisqu'il y en a un que j'ai passé â l'hôpital. Celui-là, bon ok il était tout sauf agréable, y allant pour un simple Check up, je me suis retrouvée avec une palette d'hypothèses anti-sommeil, que j'ai eu le temps de passer en revue durant toute la nuit. J'ai du attendre le lendemain les résultats de tous ces tests, qui concluaient à la simple angine, rouvrant alors mes poumons et me permettant de respirer de nouveau. Deux heures après: les parents débarquent, m'embrassent, me serrent contre eux, quel bonheur de revoir leurs visages. Comment décrire ces dix jours passés avec eux? Comme une bouffée d'oxygène pour moi, ça a été un cyclone pour eux, tourbillon chaud et déstabilisant d'odeurs et de nouveauté. Jeu de miroir: j'ai vu le Cambodge à travers des lunettes différentes. Les miennes, plus ou moins déjà habituées, et puis celles des parents, surpris de beaucoup plus de choses. Les débris au sol, normal. Les odeurs d'égout, normales. Les brochettes de 5 sur les scooter, normal. Ou pas! Les premiers jours ont été costauds, se balader dans Phnom Penh c'est pas évident, lorsqu'on est piéton. Déjà car les trottoirs se font rares, et puis les armées de tuktuk eux, se font un peu trop présents. J'aurais voulu avoir ce Tshirt "No tuktuk, not today, not tomorrow". Mais ça restait drôle :) Nous avons visité l'ancien lycée dans lequel les khmers rouges y ont enfermé une partie de la population (les soit-disants "suspects") afin de les interroger, sous-entendu torturer. D'atroces témoignages sont placardés sur certains murs. L'histoire est récente (1974 à 79), les murs chuchotaient encore, les ombres bougeaient, c'était une visite indispensable qui nous a permis de comprendre mieux l'histoire du génocide des Khmers, par Angkar, l'organisation des Khmers rouges. Ça nous a permis de réfléchir, au rôle et à la responsabilité que chacun a joué lors du crime de plus de 2 millions de Khmers (20% de la population). Un Khmers ayant survécu était là pour raconter son histoire. Le génocide des Khmers est très peu connu du monde, comme beaucoup d'autres génocides. Après cette parenthèse historique très violente nous nous sommes dirigés vers les marchés. Les marchés, oui, ces nombreux endroits dans lesquels je me sens si bien, mais qui peuvent (après réflexion et après avoir vu la réaction des parents) peuvent être moins bien vécus. Ça grouille, ça pue, c'est mouillé par terre, on se bouscule, on se bouche une narine sur deux, on a les plats, le groin du porc et les poissons morts sous le nez, tout est serré, l'ambiance est "partagée" de manière inéluctable, bref, un concentré de beaucoup de choses. Quand on vient d'arriver au Cambodge, on se prend déjà 30 degrés dans la face, 6 heures de décalage, alors la visite du marché central de Phnom Penh, c'est pas forcément la plus appropriée à la sortie de l'aéroport. Mais Check ! Nous sommes également allé voir le grand Palace, trois fois, mais n'avons jamais pu le visiter. Nous nous sommes contentés de la pagode d'argent. Mais quelle déception, quel ridicule ^^ Un peu comme des touristes amateurs, nous débarquions tous les jours croyant qu'enfin le Palais Royal nous ouvrirait ses portes, Échec ultime! Le Palais ça fait un moment qu'il est fermé et il le restera encore quelques semaines: le roi Sihanouk est mort il y a deux mois et demi, sa crémation a lieu dans une semaine, et en attendant, plusieurs processions et répétitions de processions se succèdent, construction d'un crématorium géant en moins de trois mois pour l'occasion, peinture en blanc de la capitale, bref, quand il s'agit du Roi, il s'agit de Dieu. Quand il s'agit de Dieu, il s'agit de toute la population. Tout le monde s'active donc à organiser la plus belle crémation que le monde ait pu voir. Et pour nous ce sera : Pas de roi, Pas de palais! Après trois jours à Phnom Penh, le samedi nous partirons pour l'île de la Soie, en tuktuk, quitter la grosse ville et rejoindre villages et petites habitations que j'affectionne tant. Pouvoir partager mon voyage pour de vrai cette fois, leur montrer, l'Asie c'est pas seulement la pollution le trafic et les odeurs d'égouts, les habitations compressées et les tuktuk jamais découragés. Non, l'Asie c'est aussi et surtout le calme, la sérénité de ces petits villages, ces enfants qui jouent des heures avec une roue de vélo, qui saluent ton arrivée d'un sourire gros comme une maison, les animaux, le sable, les maisons sur pilotis, les invitations, les sourires, les rires, bref, l'île de la Soie a été un premier contact pour les parents avec cette vie asiatique qui me rend heureuse. On a pu admirer de belles vaches blanches, ces vaches Brahmanes qui font penser à celles sacrées d'Inde, ainsi que ces petits chevaux qui tirent l'eau des villageois. L'île de la Soie c'est une île sur laquelle les femmes ont chacune un métier à tisser et font courir leur navettes à longueur de journée. Mais c'est aussi une île dotée d'une abondance impressionnante en fruits (mangue, banane et papaye). Après avoir vu les plaines sèches et brûlées du Cambodge, j'ai été très surprise de cette île verte et riche. A notre arrivée au coucher du soleile, nous avons pu voir le bain des vaches, contempler ces belles bêtes se faire laver, frotter et papouiller par les villageois dans le Mékong. Des enfants se baignent, des chiots attendrissent les parents, des odeurs les répugnent, des contresens les questionnent. J'aime qu'ils remarquent ces choses que je ne remarque plus, ces choses qui font remonter des souvenirs, de mes premiers pas en Asie. Nous sommes arrivés chez Roger, toulousain amoureux du Cambodge et marié à Vanna une femme cambodgienne: il tient la seule guesthouse de l'île. Discuter avec lui, comprendre, le suivre autour de l'île avec ses explications détaillées, c'était un vrai bonheur. Pouvoir mettre du sens sur des choses que je vois sans comprendre depuis un moment, c'est un vrai plaisir. Poser des questions, et avoir des réponses. Je crois que les parents ont compris ma frustration de ne pouvoir interagir avec la population locale qui ne parle bien souvent pas anglais. Nous avons donc fait le tour de l'île en moto: je tiens à souligner là un événement aussi inédit que surprenant : ma mère sur une moto (de 1) et sans casque (de 2). Et je tiens à la féliciter tout personnellement (toi aussi papa) pour ses efforts d'adaptation malgré son aversion pour les deux roues! (Photos à l'appui) Nous avons donc mangé la poussière durant trois bonnes heures pour partir à la découverte de cette île. Oui parce qu'au Cambodge, la poussière, c'est quelque chose. Ça vole, ça se soulève, ça rentre dans les narines, les yeux et la bouche, ça tapisse les toits, les bananiers et les touristes: bref, la saison sèche a ses mauvais côtés. Mais on ne se démonte pas, on sourit devant ce dépôt rougeâtre qui couvre les bananiers sur un mètre de chaque côté des pistes qui servent de routes, et on s'estime heureux de nos 4 saisons à nous. L'île de la soie était aussi pour moi, bizarrement autant que plaisant, un retour en France. Roger et Vannah forment un couple surprenant. Dans une harmonie francocambodgienne ils offrent aux clients (souvent français) le plaisir d'une cuisine cambodgienne authentiquement exquise sur des repas aux durées typiquement françaises, précédés par un apéritif où même le Ricard a sa place. Nous avons dégusté des spécialités khmers divines: loklak, curry vert, pumpkin-porridge caramélisé, bananes flambées, un vrai régal. As usual. La troisième partie de notre voyage à trois sera Siem Reap et la cité d'Angkor. Cet empire était, à l'époque de son apogée (IXe au XIVe siècle), trois fois plus grand qu'aujourd'hui. La cité s'étendait sur plus de 3000 km², et aujourd'hui le patrimoine de l'Unesco a délimité le site à 402 km². Autant être clair tout de suite, le tour on l'en fera pas. Nous avons acheté un Pass trois jours, et sommes partis à la conquête de ces temples, cités et joyaux du Temps. Nous n'esquiverons pas les masses touristiques, les enfants formatés à la vente de cartes postales et les hurlements en sur-impression des commerçants qui sont nombreux à vendre la même chose et à penser que crier fait mieux vendre. C'est donc en ce mardi 29 au matin que nous avalons notre petit déjeuner en vitesse et nous dirigeons vers Angkor. On loue un tuktuk, par chance, ce sera "Roa". Ce serait omettre beaucoup que de ne pas l'évoquer ici. Les chauffeurs de tuktuk, on en avait notre claque après quelques jours à Phnom Penh, mais Roa, lui, nous a accompagné durant tout notre séjour à Siem Reap, dans la discrétion, la bienveillance et la patience les plus parfaites. Tous les jours Roa était au rendez-vous, à l'heure bien avant l'heure, toujours en alerte et soucieux de nous satisfaire. Il nous a emmené, et même dans le silence nous avons beaucoup partagé avec lui. Sans vraiment pouvoir discuter, ils nous a conduit à la découverte de son pays, des temples et de la ville, toujours en alerte et soucieux de nous satisfaire, dans une gentillesse et une patience touchantes. Roa, je l'ai adoré. Nous montons ce mardi dans son tuktuk pour la première fois et lui demandons de nous conduire vers l'impressionnant empire d'Angkor. C'est parti! Les temples d'Angkor sont impressionnants : le temps se glisse entre pierres, briques et dalles, faisant glisser les temples vers l'oubli, dans une ingurgitation végétale grandiose et effroyable. Les fromagers étendent leurs racines aussi solides que majestueuses entre les pierres autrefois recouvertes de sculptures, de bronze ou de dorures (avant le passage de Malraux...?!). Et dans ces racines, c'est le temps qui soulève un empire qui autrefois était insoulevable. Fouler le sol de ces temples c'est réveiller une énergie qui redonne vie à votre imagination. Les bas-reliefs, les gravures, les visages qui vous observent: nous comprendrons le sens de tout ça lorsque nous visiterons le musée de Siem Reap, qui nous en a appris plus sur les religions (hindouisme ET bouddhisme) et croyances de l'époque et viendra compléter notre fascination pour Angkor. Le reste de la semaine d'autres visites ont remplies notre planning: - Ferme de soie pour découvrir le processus du ver à soie jusqu'à l'écharpe, en passant par le travail titanesque de rigueur et de patience des tisseuses, - Village flottant qui ne flottait pas (saison sèche), mais dont les impressionnantes maisons étaient grimpées sur des pilotis à 5 mètres du sol - Musée sur les mines et UXO (engins non désamorcés) qui continuent de faire des victimes au Cambodge - Night market, massages et restaurants khmers Nous volerons de Siem Reap à Phnom Penh le dimanche 3 Février, pour clôturer nos vacances ensemble. Alors que les parents resterons dans l'aéroport de Phnom Penh pour reprendre un avion direction la France, je me rendrai dans la capitale. Aussi rapidement qu'ils sont apparus en face de moi au Cambodge, ils en sont partis. Je monte sur une motodop (taxi moto) direction l'appartement de Calvin, un Couchsurfer Singapourien qui m'accueille alors pour les jours à venir, jours de transition avant de partir pour Kampot, pendant lesquels j'en profiterai pour faire mon Visa vietnamien et attendre impatiemment l'arrivée de David !
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  • " Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. " N. Bouvier
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