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* En vol *
28 mai 2013

Intermède photographie

On a tous cette image du Chinois à Paris qui photographie n'importe quoi. L'objectif toujours braqué sur le moindre instant présent, le Chinois dégaine son engin plus rapidement que Lucky Luke, et en un clic, fige le monde qui l'entoure. Que ce soit la Muraille de Chine, la Tour effeil, un poteau électrique ou une poubelle, l'entrain est le même. Et quel engin! Toujours plus gros que celui du voisin, ce sont des séries d'objectifs, de téléobjectifs, parfois plus longs et plus lourds que ce qui nous est possible de porter. Complexe de taille ? C'est donc à travers cet objectif que le touriste Chinois vit par procuration, et fait vivre ses vedettes. Ces vedettes qui posent comme des stars, devant cette tour Effeil ou ce poteau électrique, la pose est toujours soignée et travaillée. C'est parfois devant des séries de "poseuses" qu'il faut slalomer, baisser la tête pour passer sous le faisceau de capture, faire du "oula-houp", attendre (mais la vedette a toujours un pose en rab') ou, finalement, passer négligemment devant en n'oubliant pas le sourire à la caméra. Ça tient parfois du ridicule, du risible, de l'exagéré, mais on aime. Les Chinois ont définitivement quelque chose avec les photos, ressembler aux stars de magazine, sauvegarder le "fake", couvrir les murs de sa maison de clichés superficiels, c'est une vrai mafia de la photo qui s'organise dans la ville. Des enseignes se font concurrence, d'encadrement, d'agrandissement, de mises en scène, de faux-présent garanti. C'est troublant. Mais le pire n'était pas là. Durant mon voyage, j'ai pris l'habitude de me sentir regardée, observée, étant une blanche, dans beaucoup de pays d'Asie c'est intriguant. Je ne sais pas ce qui a changé par rapport au reste de mon voyage, je ne sais pas pourquoi c'est différent. J'y ai réfléchi, peut-être est-ce le fait que ce ne sont plus des yeux qui me regardent mais des appareils photos. Peut être encore que j'étais habituée aux sourires, aux "bonjour", ou aux rires gênés de mes observateurs népalais ou thaïlandais lorsque je croisais leur regard, alors que le Chinois lui fait tout à coup semblant de s'intéresser au panneau "WC" accroché derrière toi. Je me suis sentie soit star, soit monstre de foire, célébrité ou extra-terrestre, et pas dix minutes se passaient sans que je croisais le regard d'un objectif Nikon ou Canon, parfois Pentax ou smartphone. Je ne saurai pas dire ce qu'ils font de ces photos de moi. Remarque, je ne sais pas non plus ce qu'il font de la photo du poteau électrique. Mais le marrant au fil du temps devient ennuyant. Cependant, parfois, c'est gentiment qu'on vient te demander de se prendre en photo avec toi, alors, super heureuse qu'on te loue un esprit et une pensée, tu acceptes. Puis tu vois sa casquette jaune fluo et tu comprends qu'il fait parti d'un groupe touristique, et c'est tout à coup une file de chinois qui attends son tour pour se prendre en photo avec toi! Très flatteur, c'est là que tu envies les chinoises et leurs poses semi-spontanées, tu aimerais toi aussi tout à coup avoir un peu d'expérience dans le domaine. C'est ainsi que le monde chinois, oppressant et flatteur, exubérant et joyeux, s'impose à toi sans transition et demande longue réflexion, et patience pour être compris, choses qui m'ont fait quelque peu défaut je l'avoue :)
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  • " Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. " N. Bouvier
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