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2 mai 2013

Semaines 33, 34 et 35 : Yunnan, Tibet and Sichuan

Bonjour les amis, c'est en direct du Sichuan que je vous parle ! Oui oui, Chengdu exactement, lieu du séisme de magnitude jesaispluscombien, mais pas de panique, j'ai ma bonne étoile dans la poche. (Non sans rire, les répliques sont passées donc plus aucun risque) Chengdu, la capitale du plus grand Bouddha du monde (7 mètres de lobe d'oreille), et symbole du grand nounours amateur de siestes prolongées et de bambou (refuge du Panda). C'est aussi une ville réputée pour ses maisons de thés et son théâtre, mais ça je vous en parlerai lorsque j'en aurai fait l'expérience. En fait, c'est en direct du bus pour Chengdu que je vous écris, histoire de vous donner des nouvelles, vous faire rire ou voyager, entre deux coups d'épaules à mon voisin chinois dont la tête chute comme une pierre, et vient se lover discrètement sur mon épaule (qui ressemblerait visiblement à un oreiller). Sachez que c'est assez courant, on prend l'habitude, parmi d'autres pratiques dont l'habitude ne vient jamais : raclage de gorge mélodieux au creux de l'oreille du copain, crachats intempestifs, mouchage naturel, parsemage de détritus plastico-encombrants (le petit Poucet se serait fait attraper). Je précise que ce n'est pas propre aux Chinois, mais aux populations asiatiques que j'ai pu observer, qui ont du se passer le mot et créer une chasse au trésors géante. Bref, je râle mais l'Asie j'y suis toujours, et la fin s'approchant à grands jambiers, je voudrais pour tous les crachats du monde gagner un peu plus de temps. J'ai de la chance, cette tête farcie qui s'obstine à gagner mon épaule à ma droite est un médecin chinois, qui j'imagine, a du coup eu des cours d'anglais : on a pu échanger quelques mots, chose plutôt rare, voire impossible, ici en Chine. Très rares sont ceux qui parlent l'anglais, le comprennent, et très rares sont les situations où même avec mon "langage corporel" de psychomot', j'arrive à me faire comprendre. Parce qu'en plus les signes, plutôt international comme langage, ne sont pas les mêmes ! Alors même mes imitations infaillibles faillissent, et même l'accroupissage pour "where are the toilets?" ne suffit plus. Bref vous l'aurez compris, les habitudes ont du changer en entrant en Chine. Je pensais arriver, ou plutôt retourner, vers une Asie que je connaissais plus ou moins en partant du Népal. Erreur! J'ai même cru arriver en France pour ne pas vous mentir. Seuls ces signes farfelus asiatiques m'ont rappelée à la réalité. Mais le bus qui m'a conduite de l'aéroport de Kunming au centre ville, non seulement il était grand, spacieux et fonctionnel, mais en plus on roulait sur des routes goudronnées, vastes et fonctionnelles ! Et ma plus grande surprise, des trottoirs!! "Mais quels sont ces lambeaux de goudrons, forme d'excroissances routières ? Serait-ce.. Non, impossible. Mais, si, des trottoirs ! Saperlipopette !" Avec un terre-plein central, c'était le pompom. Le mardi 16 Avril (big up Florian!), après : - avoir dit au revoir à la Kathmandu-team, - avoir reçu un livre en cadeau (Alexandra David-Neel) de Thomas, une jolie écharpe blanche de Aitor et Iker, deux espagnols absolument adorables, - avoir fêté le nouvel an bouddhiste autour d'un copieux repas (les rues m'ont légèrement fait penser à Bayonne à 3h), - avoir rempli un sac d'emplettes confié à Claire (ce qui me permets ainsi de vous ramener des cadeaux aha), - avoir essayé un massage Ayurvedique (qui n'avait d'Ayurvedique que le nom et ressemblant plutôt au massage "étalage de crème solaire"), ... me voilà donc dans l'avion pour la Chine avec un jour de retard (vol annulé), et deux jours d'Overstay (39$: "pepouf" comme dirait l'autre). En arrivant dans cet immense aéroport blanc, propre, hightech et vide, je récupère mon ami 35 litres, et monte dans cet immense bus moderne qui ressemble plus à un bus longue distance, voire très longue, qu'un bus publique. Personne ne peut m'aider car personne ne parle anglais, je saute donc dans un taxi une fois dans le centre ville, et pointe du doigt les trois symboles chinois sur mon Lonely Planet qui semblent correspondre au nom de la guesthouse dans laquelle j'aimerais aller, malgré l'heure très tardive. Il faut savoir que le conducteur de taxi est enfermé dans une boîte en métal, système dissuasif imparable si l'envie te prends de lui coller une patate (ou de lui payer sa course?). Bref, vu la taille du Lonely Planet qui a l'envergure d'un bottin, je galère un peu pour lui montrer ces trois symboles chinois, mais il comprend, et c'est parti. Lorsque je me réveillerai le lendemain, toujours à cause de ces crispations, souvenir du Népal, c'est avec des yeux ébahis que je découvrirai la capitale du Yunnan. Moderne et grande, avec ces deux roues électriques, Kunming ça m'a rendue folle. Je ne cessais de répéter à ma nouvelle acolyte suisse-allemande Deborah, que c'était la première fois depuis 8 mois que j'étais dans une ville à trottoirs, silencieuse, propre et... blanche. Je me croyais dans les Sims, dans un décors irréel, et regardais les gens passer, les scooter voler en silence au dessus de la route, les femmes lutter contre leurs talons incontestablement trop hauts, voulant visiblement être conformes à ces "images-magazines". Bluffée, et maintenant honteuse du haut de ma paire de tongues, je n'étais pas au bout de mes surprises. Après une journée "récupération-écriture de blog"(et oui les amis c'est long!), je me suis lancée à la découverte de cette étrange ville avec Déborah, et le marché a été mon premier choc. Niaisement appelé "marché aux fleurs et aux oiseaux", il n'est pas si poétique. Tous ces animaux enfermés dans de si petites cages, de la centaine de tortues, à la demi douzaine de tarentules, en passant par les milliers d'oiseaux, les vingts chatons, le porcinet, les chiots, les lapins, les vers, les écureuils, les "tic et tac" et les serpents. Dans des cages toujours plus petites qu'eux, le "pet" ou "animal de compagnie" prend tout son sens ici en Chine, et ça faisait pleinement mal au cœur. Plusieurs fois j'ai aperçu des chats attachés, ou en cage comme des souris, je me demande alors si c'est normal d'être plus choquée que d'y voir un oiseau ou un lapin? Bref, c'était le choc number one. Nous nous sommes baladées également au parc vert, un lac dans le centre ville, absolument mignon, entouré d'une esplanade sur laquelle les chinois dansent, chantent, font de l'aérobic en groupe, ou du cerf-volant, à l'heure du déjeuner ou après le travail. De jolies ponts typiquement chinois donnent accès à un mini parc au centre, tout aussi magique. Mais déjà, en dehors de cet espace de tranquillité, une chose me gratouillait, sans vraiment savoir quoi. Mis à part ces danseuses sur talons hauts, et ces "pet-en-cage", rien de ce retour à la mode, des boutiques de vêtements et des centres commerciaux à outrance ne divergeait d'une simple ville où la modernité a gagné sur le traditionnel. Mais quelque chose de plus systématique me dérangeait, et c'est en quittant Kunming, empruntant les routes du Yunnan, que ça se confirmait. La Chine, ou le pays "en construction". Ça peut paraître idiot d'être titillée par ce simple fait, mais lorsque j'ai pu admirer Kunming depuis son grand lac, je n'y ai vu que des grues, du sable, des machines et autres indispensables au champs lexical de la construction. Et lorsque je suis montée sur la montagne surplombant la fameuse ville de Dali (à une centaine de kilomètres au Nord/Ouest de Kunming) et son grand lac, ce fut la même chose: je n'y ai vu que étendues rasées, jaunes, prêtes à accueillir un nouveau je-ne-sais-quoi. Monter sur cette montagne aura tout de même été l'occasion d'un bon trek en compagnie de Déborah, atteindre un beau temple et longer le lac dans la foret, à flanc de montagne, sur une douzaine de kilomètres, ce qui aura été une belle journée. Dali, c'est une ville dont le centre historique carré est limité par des murs et 4 portes immenses. Une ville à l'architecture traditionnelle absolument magnifique, très soignée, parcourue de canaux, et couverte de saules pleureurs ou arbres fleuris. Arriver à 6h du matin dans cette ville-là permet d'en admirer la beauté endormie, avant le raz-de-marée de groupes touristiques chinois, l'objectif braqué sur tout ce qui bouge (ou pas), le rire gras et la voix qui porte, avec une notion de l'espace proche du "personne n'existe sauf moi". Bon j'exagère sûrement, mais oui Dali est prisée. Nous sommes donc parties avec Deborah à Lijiang, toute aussi prisée voire davantage, mais toute aussi incontournable. Davantage de ruelles en pente, de pavés, de petites rivières et de jolies arbres, une ville Disneyland, romantique et presque féerique. Plus aucun autochtone n'habite le centre historique, et d'ailleurs ce ne sont que des boutiques à touristes qui bordent les ruelles, identiques les unes les autres, et toujours ce fameux "djembé-shop". Il s'agit d'une boutique, ou plutôt une chaîne de boutique, toute diffusant la même musique lobotomisante en boucle, ne vendant je ne sais pas trop quoi, mais disposant de djembé à utilisation gratuite sur lesquels s'essaient tous les chinois, arrivant presque même à croire que c'est de leur main que naît la musique du disque. Parfois ils tapotent en battant la tête en rythme, pas peu fier de cette harmonie musicale. Parfois il tambourinent et ... C'est autre chose. C'est comme ça tous les 50 mètres puisque cette boutique à djembé est partout. Et les chinois ont l'air d'en être vraiment fans, ils peuvent y passer des heures, voire la journée. Nous quittons Lijiang pour un petit village plus authentique appelé Baisha, où un célèbre médecin Chinois au moins double voire triple centenaire reçoit des étrangers du monde entier pour leur donner des conseils. J'aurais voulu le prendre en photo, il était vraiment beau, du haut de son âge avancé. Dr Ho est célèbre dans tous les pays du monde paraitrait-il. Nous avons également visité une entreprise familiale de broderie de soie sur toile, donnant des tableaux fabuleux, qu'on croirait réel grâce à ce relief si minutieux. Nous arrivons aux "Tiger Leaping Gorge" en bus le mardi soir (ou "Gorge du Saut du Tigre"), la légende raconte qu'un tigre se serait jeté dans le vide depuis un rocher. Les gorges parcourent 16 km et constituent un des trek les plus célèbres de Chine. C'était en effet magnifique et revigorifiant! Le jeudi 25 Avril, le trek fini, nous sautons dans un bus direction Shangri La, encore plus au Nord, aux frontières du Yunnan. Sur le chemin, nous faisons un arrêt pipi qui me donnera l'occasion d'observer un chat séché pendu à une ficelle, aplati comme une crêpe et legé comme une feuille, tournoyer au vent comme un cerf-volant. A mi-chemin entre le déni et l'horreur, je n'ai mot dit et suis remontée dans mon mini-bus. Nous resterons deux jours à Shangri La, c'était vraiment super. Le premier soir nous nous rendons au Karma café, à l'allure plutôt soigné, l'air cher, et qui me faisait déjà reculer. La patronne nous accueille avec sourire, s'assoit avec nous pour nous offrir du thé au gingembre et un menu spécial petit budget qu'elle composera avec ce qui lui reste, vu les 20 français qui occupent la salle d'à côté. Rapidement nous avons la sensation d'être à la maison, installée autour du feu, thé à volonté, une cuisine divine, et une fin de soirée à partager du vin rouge et du cheese cake offert par la patronne. Le lendemain, nous la suivons au temple des "cents poulets", puisqu'elle s'est proposée de nous le montrer. Pourquoi les cents poulets? Shangri La est un village à 3200 mètres, aux marges du Tibet et du Myanmar, les monastères sont bouddhistes et les moines tibétains. Le bouddhiste croit en la réincarnation et s'il veut se changer en poulet alors il emmène une de ces volailles en haut de la colline et la dépose au monastère. Ce sont alors des volailles sacrées, et aujourd'hui on en compte plus d'une centaine qui gambadent en liberté, jouissant de leur statut, d'où le nom du temple! En y allant au coucher du soleil c'est une vue magnifique qui s'offre à nous, mais un paysage sec qui souffre cruellement du manque d'eau. Malgré une très haute altitude, pas une seule trace de neige à des kilomètres à l'horizon, ni sur les plus hautes montagnes. Le samedi 27, nous partons faire une randonnée sur une autre montagne, s'enfonçant derrière une pagode blanche, rejoignant des yaks et des moutons sur un grand plateaux sec, et, au milieu de cette belle nature et du silence montagneux, après deux heures de marche loin de la ville, se dressa en face de nous une grue, et s'éleva jusque dans nos oreilles le bruit d'une foreuse. Un peu plus loin, des montagnes coupées en deux, ouvertes plaies béantes, et des chinois qui travaillent. Après avoir digéré le choc et fait demi-tour nous croisons un curieux personnage, un berger qui déplace ses yaks et ses moutons, avec un chapeau très snob, un parapluie rose et un sourire sans retenu. Lui aussi persuadé qu'en répétant plusieurs fois de suite son chinois nous finiront par avoir un déclic et comprendre sa langue, nous entamons un semi-dialogue répétitif durant lequel nous comprendrons juste qu'il nous propose à la fin une cigarette. La Chine, on m'en a dit beaucoup de choses, mais je suis surprise de constater comme on avait tort lorsqu'on me disait que les chinois sont moins agréables. Je n'ai vu qu'une portion de la Chine, mais les autochtones ont toujours été adorables, aidant et souriants. Surtout les tibétains. Direction le Tibet! Semaine 35 - Tibet et Chengdu Depuis Shangri La, au nord du Yunnan, j'ai décidé d'aller à Chengdu en bus en traversant le Sichuan,voyage de 1100 km qui dure à peu près 4 à 5 jours, plutôt que de revenir sur mes pas à Kunming et prendre le train. Je voulais voir du nouveau, du paysage, du Tibet. Car la région que j'allais traverser, frontalière avec la province interdite aux étrangers, n'avait de Chine que le nom. Le dimanche 28 Avril, je quitte Deborah et monte dans le premier bus vers 8h en direction de Xiancheng, à 201 km, première étape au Sichuan. Immédiatement mon voisin de banquette essaie d'entamer le dialogue avec un chinois qui j'en suis sure était parfait, mais rien n'y fait, je ne comprend toujours pas. Lui aussi croit qu'en me répétant le même mot je finirai par me concentrer et capter le sens de sa pensée . Après avoir compris les gestes simples, avec l'aide du passeport et des doigts, nous connaissons nos âges respectifs et notre nationalité, il comprend également que je fais le tour du monde au vu de mes nombreux Visa. C'est un "pouce" congratulateur et international qui accompagne sa surprise. Je me tourne vers la fenêtre, observant yaks, chevaux et cochons menant leur petite vie dehors, autour des maisons villageoises que j'ai enfin la chance de voir. Nous roulons à 10km/h sur une route aussi cabossée qu'un village de poules, et nous apprêtons à passer 8 heures dans ce "shaker". Il fait très froid, et c'est un très long voyage qui s'annonce puisque nous nous retrouvons bloqués dans les lacets de montagne, par des ouvriers qui.. Construisent. Nous devons alors attendre que leur journée de travail se termine pour continuer notre chemin, environ trois heures plus tard. J'ai profité de cette longue pause pour faire la connaissance d'Elmart, lui aussi Suisse-allemand. Puis nous repartons. Les pauses pipi ont été mon choc number two. Lorsque ce n'est pas caché derrière un semblant de buisson, les pauses pipi se font dans les toilettes publiques, qui ont tout de "publique". Ce sont en fait 5 trous alignés et séparés d'un mètre les uns les autres, histoire de pas être trop loin de la copine lorsqu'on lui raconte ce qu'on a mangé la veille. C'est spécial, ça pue franchement et si tu as de la chance, la porte sans porte est juste en face de toi, histoire en plus d'en faire profiter les hommes dehors. Après cette découverte peu orthodoxe, nous remontons dans le bus pour se préparer aux 3 dernières heures. Ou plus. Car c'est en fait le bus qui tombera en panne, le levier de vitesse s'étant je crois cassé, et c'est au bord de la route que nous attendrons les mécanos (au moins, il y en avait). Après deux autres heures, nous repartons et finissons par arriver vers 22h à Xiancheng, petit village aux habitations magnifiques, d'une architecture que je n'avais encore jamais vue. Si j'essaie de les décrire ça donne ça: de forme cubique, avec un toit plat, des bandeaux de peintures très appliqués sur fond blanc, des fenêtres bordées sur le haut d'une avancée sculptée, décorée et joliment peinte. (C'est encore loin de ce que c'était, mais les photos parleront d'elles mêmes !) Quelle aventure que sera le lendemain, le lundi 29 Avril. Prête à 5h du matin, valises sous les yeux et sac sur le dos, devant la gare de bus comme indiqué la veille par la femme qui nous a logés, on m'explique (en Chinois toujours) qu'il n'y a pas de bus, ce que je comprends rapidement avec le signe négatif de tête qui, lui, est international. Enfermée dehors, dans le froid et le désespoir profond de ne pas avoir de bus, j'ose une ultime tentative: le stop. Infructueuse vue la circulation à une heure pareille. Je retourne chez l'habitant et me couche dans un lit d'une chambre ouverte, histoire de patienter au chaud tout de même. A 7h, la femme tambourine à la porte et me montre le minibus qui m'emmènera à Litang, dans une heure, et non pas à 5h du mat'. Le temps d'une noodle soupe matinale avec Elmart, puis nous montons dans cet engin, ma foi plus confortable que la veille. Les 204 km qui nous séparent de la ville "la plus haute du monde" (ce qui est faux puisqu'elle est à 4100m) se feront en 5h, trajet durant lequel nous passerons devant des paysages extraordinaires. Du paysage lunaire et chaotique, avec des étendues de roches érodées qui laissent penser qu'il y avait de l'eau auparavant, aux paysages montagneux avec de la neige et des vues spectaculaires, en passant par le Canada avec ces sapins qui bordent une dernière rivière d'où on s'attend à voir surgir un ours, nous traversons des villages tibétains aux maisons toutes aussi magiques, de pierre et d'argile, toujours aussi joliment colorées. Une fois à Litang, nous partons visiter un grand monastère perché sur une colline, croisant sur le chemin enfants curieux, moines intéressés, nonnes souriantes, personnes âgées adorables et nombre de ces tibétains nous accueillant d'un "Tashitalé" sincère et amusé (Bonjour/Welcome/Merci/Au revoir). C'était le bonheur de marcher dans les ruelles de ce monde Tibétain, chaque individu profondément gentil et désireux d'échanger quelques mots avec nous. Nous rentrons après une bonne noodle soupe, sous un ciel tout à fait menaçant, et c'est dans le froid glacial du dortoir que nous essayons de trouver le sommeil. Pour ma part, après avoir piqué toutes les couvertures des lits inoccupés, je n'ai pas eu trop de problèmes aha! Le mardi 30 Avril, nous prenons le bus direction la dernière étape avant Chengdu: Kangding, à 285 km, célèbre ville grâce à une chanson d'amour qui parle d'elle. Les paysages sont tout aussi différents et impressionnants que la veille, nous passons cette fois-ci par la Norvège, dans un nuage opaque et un sol enneigé, parfois troué de petits lacs ou décoré de nombreux kernes, jusqu'en Sicile lorsque nous perdons de l'altitude, avec nombre de vergers et de cactus. Après 8 heures de tape-cul, pendant lesquelles la ceinture prend toute son utilité si on ne veut pas tomber, les habitations derrière la fenêtre se "normalisent", et lorsque nous arrivons en ville, je comprends que je n'y resterai pas. Les immeubles et le traffic me rebutent, je prendrai le bus pour Chengdu le lendemain. Quitte à être en ville, autant arriver directement et ne plus avoir à "packer" mon sac tous les matins! Le voyage de 7 heures et 346 derniers kilomètres pour Chengdu sera moins secouant, j'ai même pu avancer mon livre du moment, "La guerre des boutons" de Perault. Cette traversée du Sichuan était non sans douleurs postères mais vraiment hors du commun, donnant l'occasion d'aller là où le tourisme n'a pas encore bouffé l'authentique, à la rencontre d'un Tibet me rappelant en partie la frontière népalaise, aux villages pleins de caractère et d'amour. Me voilà donc à Chengdu, plongée dans une brume régulière depuis plus de 100km, dans la semi-pluie/semi-chaleur moite, me rappelant la pollution citadine et l'horreur que j'en ai. Par chance la guesthouse est à 100 mètres de la gare routière, j'y pose ma maison et saute à la douche. Aujourd'hui, jeudi 2 Mai, je me suis levée avec la démotivation de sortir la nez dehors, mais, le grand Bouddha et ses longues oreilles m'attendent, alors je pars acheter mon billet de bus. Lorsque je vois la vitesse "manufacturienne" à laquelle la guicheuse guiche (j'invente pleins de mots aha), je me prépare au conflit, vu mon chinois limité. Ça ne manque pas, elle hurle d'une manière tout à fait stérile et m'insulte de tous les noms d'oiseaux en chinois (vu que je ne comprends pas j'ai le droit d'imaginer ce qui me plait). De la même manière, je hurle en anglais d'une manière tout à fait stérile, la définition propre d'un langage de sourd. Par chance une chinoise vient interrompre nos singeries car elle parle un peu anglais. Sourires gênés des deux côtés, je remercie quand même la guicheuse, vais prendre un café, une soupe et pars pour le grand bouddha. Après deux heures de bus, une demi heure de transport public, une demi heure de marche, 10 euro d'entrée, je suis arrivée devant ce grand dadet. Très impressionnant, sculpté dans la falaise, ce grand monsieur a la chance d'avoir des lobes de 7 mètres, des pieds de 8,5 mètres (heureusement qu'on a pas tous les oreilles aussi grandes que les pieds) et mesure 87 mètres de haut. Il est imposant et mérite le détour. Après être descendue jusqu'à ses pieds, l'avoir contemplé sous ses yeux bienveillants, je remonte jusqu'à la tête. Mon ticket d'entrée, qui attention fait aussi carte postale (on a pas payé dix euros pour rien), me donne le droit d'aller visiter la dizaine de temples aux alentours. Pour vous dire la vérité, après 8 mois de temples, j'en ai ma claque. Alors je me promène, et je tombe sur une créature hors du commun. Après avoir été photographiée avec la moitié des chinois, je fais le tour d'une pagode, et m'immobilise lorsque je l'aperçois. Au départ j'ai cru voir un petit singe dans un arbre, mais c'était en fait un énorme oiseau gris, de loin le plus beau que je n'ai jamais vu. Certes j'ai vu un faucon orange au Népal, un oiseau bleu dans l'Himalaya, mais celui-là remportait la palme de la beauté. Un peu en galère dans les branches plus légères que lui, je m'approche doucement, et au moment où je m'apprête à vraiment le distinguer de mes yeux plissés, un bon raclage de gorge derrière le fait s'envoler, découvrant alors sa longue queue qu'il déploie comme un dragon, colorée de motifs sublissimes. Je me lance alors à la poursuite de l'animal et, pendant que d'autres visitent les temples, je me créer un monde mystique avec cette histoire d'oiseau. Malheureusement, je ne reverrai que sa queue de loin qui s'envole toujours plus loin. Je repars bredouille mais terriblement contente de ma découverte et d'avoir, tout de même, pu tâter le gros orteils du grand manitou.

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